Quelle est la différence entre surpoids et obésité ?

Publié 31 mai 2023
Une femme en sous-vêtements mesure son tour de taille.Une femme en sous-vêtements mesure son tour de taille.

Le surpoids et l’obésité sont deux choses différentes, qui ont chacune leurs propres conséquences sur la santé. Mais se pourrait-il que nous utilisions la mauvaise méthode de mesure pour les deux? Possible…

Même s’il y a parfois un amalgame entre les termes surpoids et obésité, leurs définitions diffèrent. Toutefois, les deux se basent sur une formule de plus en plus controversée: l’indice de masse corporelle (IMC). Bien qu’un diagnostic de surpoids ou d’obésité puisse être un indicateur de l’état de santé, il ne donne pas beaucoup d’informations en soi. Voici tout ce que tu dois savoir pour prendre soin de toi au maximum.

Qu’est-ce que le surpoids?

Le surpoids est une quantité excessive de masse graisseuse dans le corps et on estime qu’il touche environ 42 % des adultes en Suisse. Environ 51 % des hommes et environ 33 % des femmes sont en surpoids. Pour déterminer si tu es en surpoids, on utilise l’IMC. Il ne mesure pas la part de masse graisseuse, mais est plutôt le rapport entre le poids du corps et la taille (tu peux facilement déterminer ton IMC à l’aide d’un calculateur d’IMC).

Il peut aussi arriver qu’un IMC élevé n’indique ni surpoids ni obésité (par exemple chez les athlètes de haut niveau qui ont un IMC plus élevé en raison de leur masse musculaire importante). En effet, la méthode d’évaluation des risques d’après l’IMC a été développée à partir de la population générale et non de manière individuelle. Cependant, l’IMC a l’avantage d’être facile à calculer, ce qui le rend plus simple d’utilisation par rapport à d’autres méthodes de mesure de la masse graisseuse, telles que l’absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA) ou la pesée hydrostatique (imagines-tu seulement ton médecin te proposer cette dernière option lors de ta prochaine consultation ?).

Un IMC compris entre 18,5 et 24,9 est considéré comme sain. Si l’IMC est compris entre 25 et 29,9, on parle de surpoids ou de pré-obésité. Ce sera notamment le cas pour les personnes dont le poids est compris entre 70 et 84 kilogrammes pour une taille de 167 cm.

INDICE DE MASSE CORPORELLE

Maigreur
Inférieur à 18,5
Poids normal
18,5 - 24,9
Surpoids
25 - 29,9
Obésité
Supérieur à 30

Qu’est-ce que l’obésité ?

À l’instar du surpoids, l’obésité se définit par un excès de masse graisseuse dans le corps. La base de calcul en est généralement l’IMC. Toute personne ayant un IMC supérieur ou égal à 30 est considérée comme souffrant d'obésité. En Suisse, c’est le cas d’environ 11 % des adultes. L’obésité est une aggravation du surpoids et est reconnue comme une maladie chronique par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Fondation suisse d’obésité (FOSO). « Cette classification a son importance », explique le Dr Alexandra Lee, responsable de la recherche clinique chez WeightWatchers®.

« Lorsque quelque chose interfère avec le fonctionnement normal de notre corps — qu’il s’agisse de minuscules cellules ou de systèmes plus grands — alors il s’agit d’une maladie, et l’obésité peut entraîner toute une série d’anomalies, comme l’insulinorésistance ou l’infertilité. »

" [L’obésité] est un processus physiologique anormal. Nous ne blâmerions jamais une personne asthmatique pour le mauvais fonctionnement de ses poumons."— Dr. Alexandra Lee

Outre le fait que l’obésité répond aux critères médicaux pour être classée comme une maladie, cette classification a également son importance, car elle permet aux patient·e·s et aux professionnel·le·s de la santé de proposer plus facilement un traitement approprié. « C’est un processus physiologique anormal », explique le Dr Lee. « Nous ne blâmerions jamais une personne asthmatique pour le mauvais fonctionnement de ses poumons. »

Afin d’aider les médecins à déterminer les risques pour la santé ainsi que les options de traitement appropriées, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a introduit une classification qui distingue trois grades d’obésité. Plus le grade est élevé, plus la probabilité que l’obésité entraîne des complications de santé est grande pour les personnes concernées :

  1. Obésité grade I : IMC de 30 à < 35
  2. Obésité grade II : IMC de 35 à < 40
  3. Obésité grade III ou obésité morbide : IMC supérieur ou égal à 40

Les limites de l’indice de masse corporelle

De plus en plus de médecins et de professionnel·le·s de la santé s’éloignent actuellement de l’utilisation de l’IMC. « L’IMC est utile pour évaluer le risque au niveau de la population, mais son utilité au niveau individuel est limitée », déclare le Dr Lee. « La raison à cela est qu’il ne tient pas compte de toute une série de facteurs qui affectent également la santé et le poids d’une personne. »

Bien qu’il existe certains risques pour la santé associés au surpoids ou à l’obésité, le fait d’avoir un IMC qui te place dans une catégorie ou une autre ne doit pas constituer un jugement définitif de ton état de santé. Au contraire, un tel résultat devrait plutôt aboutir à une consultation chez ton médecin.

La liste des aspects ignorés par l’IMC est longue. Par exemple, il n’indique pas si ta masse graisseuse se trouve principalement dans la région abdominale (où elle est la plus susceptible d’entraîner des complications liées à l’obésité). Il ne sait pas si tu vas marcher tous les matins, si tu dors bien la nuit ou si ton père souffre d’hypertension artérielle et que tu as peut-être hérité de cette prédisposition, etc.

« Si les limites semblent un peu arbitraires, c’est parce qu’elles le sont », explique le Dr Steven B. Heymsfield, expert en obésité et professeur au Pennington Biomedical Research Center à Bâton-Rouge (États-Unis). Par exemple, si ton IMC passe de 25 à 25,1, cela ne signifie pas pour autant que ton état de santé s’est soudain aggravé.

« Dans l’ensemble, essayer de définir les personnes d’après leur IMC est une méthode incertaine, inexacte et restrictive qui crée trop de confusion, de stigmatisation et de détresse émotionnelle pour les patient·e·s et les professionnel·le·s de la santé », explique le Dr Robert F. Kushner, professeur d’endocrinologie et de formation médicale à la Northwestern University Feinberg School of Medicine de Chicago (États-Unis). Et d’après Alexandra Lee, « c’est l’une des raisons pour lesquelles les chercheurs dans le domaine de l’obésité travaillent actuellement sur des critères de diagnostic qui vont au-delà de l’IMC et qui s’appuient sur des indicateurs de santé concrets ».

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Les risques du surpoids pour la santé

Le surpoids (pré-obésité) peut poser des risques pour la santé. Une étude danoise menée en 2016 sur plus de 100 000 adultes a révélé que le risque de décès augmente lorsque l’IMC est supérieur à 27, une valeur qui figure dans la catégorie du surpoids.

Une autre étude, menée en 2022 auprès de plus de 30 000 adultes d’environ 40 ans, a conclu que les personnes obèses présentaient un plus grand risque de développer une maladie cardiaque avec l’âge que les personnes dont l’IMC se situe dans la plage saine.

Les chercheurs ont également constaté que les personnes en surpoids sont plus susceptibles d’être malades pendant une grande partie de leur vie. Cela a également été confirmé par une étude à grande échelle, qui a révélé qu’un IMC supérieur à la plage saine était associé aux maladies cardiaques, à l’insuffisance cardiaque, au diabète et à l’hypertension.

Les risques de l’obésité pour la santé

Ici, les résultats de la recherche scientifique sont sans ambiguïté : l’obésité est associée à de nombreuses maladies dangereuses. L’excès de graisse (masse adipeuse) complique la régulation de la glycémie par l’organisme et entraîne des réactions inflammatoires dans l’ensemble du corps, ce qui peut provoquer de graves problèmes de santé et notamment plus de 200 maladies liées à l’obésité. L’IMC et le pourcentage de masse graisseuse augmentant avec l’obésité, le risque de souffrir de ces maladies augmente lui aussi.

Voici quelques-unes des maladies associées à l’obésité :

  • Certains types de cancer
  • Dépression et troubles de l’anxiété
  • Stéatose hépatique
  • Calculs biliaires et autres maladies de la vésicule biliaire
  • Maladies cardiaques
  • Hypertension
  • Hypercholestérolémie
  • Arthrose
  • Apnée du sommeil
  • Accident vasculaire cérébral
  • Diabète de type 2

« Si ton [médecin] diagnostique un surpoids ou une obésité, la prochaine étape consiste à évaluer ton état de santé », explique le Dr Heymsfield. Cela implique donc de contrôler ta tension artérielle, ton taux de cholestérol et ta glycémie, le cas échéant, mais aussi d’évaluer l’impact de ton poids sur ton quotidien.

D’autres facteurs contributifs peuvent également être pris en compte :

  • Prédispositions génétiques
  • Habitudes alimentaires
  • Stress
  • Activité physique
  • Médicaments
  • Sommeil
  • Antécédents familiaux
  • Facteurs sociaux comme l’insécurité alimentaire
  • Autres problèmes de santé

En cas de signes avant-coureurs indiquant que ton poids a des effets néfastes sur ta santé, ton médecin peut te recommander de perdre du poids, car il a été démontré que cette solution a un impact important, même si tu ne perds que quelques kilos. Par exemple, si tu présentes une pré-obésité ou une obésité, perdre ne serait-ce que 5 % de ton poids de départ peut suffire à réduire le risque de voir ton prédiabète se transformer en diabète.

Si toi et ton médecin avez décidé que traiter ton obésité serait bénéfique pour ta santé, il est alors temps de réfléchir à l’approche qui te convient le mieux. Selon le Dr Kushner, il existe actuellement trois méthodes scientifiquement prouvées pour traiter l’obésité :

  • Modification du mode de vie : « Il s’agit de modifier des choses très basiques, comme l’alimentation, la pratique d’une activité physique, la gestion du stress, des relations sociales et du sommeil, ou encore la consommation d’alcool et de tabac », explique le Dr Kushner. Les stratégies de changement de comportement sont au cœur des programmes comme WeightWatchers, et certaines personnes parviennent ainsi à perdre du poids et à améliorer leur état de santé.
  • Médicaments contre l’obésité sur ordonnance : les médicaments sur ordonnance agissent sur le cerveau ainsi que sur certaines hormones qui ne fonctionnent pas correctement en raison de l’obésité. Cependant, les médicaments utilisés pour traiter l’obésité et favoriser la perte de poids ne conviennent pas aux personnes qui ne sont qu’en léger surpoids et qui n’ont pas à s’inquiéter d’éventuels risques pour leur santé. Ton médecin pourra toutefois te prescrire ce type de médicaments si ton IMC est supérieur ou égal à 30, que tu souffres ou non d’autres problèmes de santé. Il est également possible de prescrire un médicament contre l’obésité à une personne dont l’IMC est de 27, lorsque des maladies concomitantes telles que l’hypertension artérielle ou le diabète de type 2 l’exigent. Afin d’apporter des changements durables et d’améliorer ton état de santé, ces traitements doivent toujours aller de pair avec les habitudes saines mentionnées ci-dessus.

  • Chirurgie bariatrique : les méthodes chirurgicales de perte de poids agissent sur le système digestif, ainsi que sur les hormones impliquées dans la régulation du poids. Dans certains cas, une réduction de l’estomac est également envisageable. Les interventions de ce type sont une option pour les personnes souffrant d’obésité morbide (IMC supérieur ou égal à 40) ou d’obésité associée à certaines comorbidités qui justifient une intervention, comme le diabète de type 2. Mais encore une fois, des modifications du mode de vie sont nécessaires pour obtenir le succès souhaité.

Conclusion

La classification du surpoids et de l’obésité est souvent basée sur les valeurs de l’IMC, mais celles-ci ne doivent servir que de guide ou de point de départ à une discussion plus poussée avec ton médecin. Ensemble, vous pourrez alors déterminer si une perte de poids serait bénéfique pour ta santé et, si c’est le cas, comment tu devrais t’y prendre pour y parvenir de manière saine. L’accent doit être mis sur l’option thérapeutique qui te convient le mieux, en tenant compte de ton état de santé, de ton mode de vie, de tes possibilités et de tes objectifs.