Les causes du diabète

Nous savons déjà ce qu’il se passe pendant le diabète : il y a trop de sucre dans la circulation sanguine. Les causes de ce phénomène sont en revanche un peu plus floues. Hérédité, mode de vie... Les connaissez-vous toutes ?
Publié le 6 septembre 2022

Quelles sont les causes du diabète de type 1 ?


Parfois appelé diabète juvénile, on pensait autrefois que le diabète de type 1 (DT1) apparaissait uniquement dans l’enfance. Les scientifiques savent aujourd’hui qu’il peut se développer à tout âge. Une analyse publiée dans la revue The Lancet (analyse limitée aux individus caucasiens d’origine européenne au Royaume-Uni) a démontré que 42 % des personnes vivant avec un DT1 avaient été diagnostiquées après l’âge de 30 ans.

Maladie auto-immune incurable, le DT1 apparaît lorsque le système immunitaire se retourne contre l’organisme, pour attaquer et détruire les cellules du pancréas qui produisent l’insuline (une hormone nécessaire pour réduire la quantité de sucre dans la circulation sanguine). Résultat, l’organisme manque d’insuline et le sang contient trop de sucre.

« En raison de la destruction de ses cellules productrices d’insuline par le système immunitaire, le pancréas ne peut plus produire d’insuline et les patients dépendent alors de l’insulinothérapie pour rester en bonne santé », explique le Dr. Tom Donner, professeur adjoint de médecine et Directeur du centre de diabétologie Johns Hopkins de Baltimore.

Le diabète de type 1 serait ainsi le résultat de facteurs génétiques et environnementaux encore mal compris. « Nous savons que des personnes peuvent avoir une prédisposition au DT1, mais ce que nous ne savons pas c’est pourquoi la maladie se déclenche chez certaines personnes ayant cette prédisposition et pas chez d’autres », déclare le Dr. Jane Reusch, professeure de médecine, bio-ingénierie et biochimie, et Directrice adjointe du Ludeman Family Center for Women’s Health Research de l’Université du Colorado à Aurora. C’est pourquoi de nombreux experts supposent que des facteurs environnementaux jouent aussi un rôle.


Qu’est-ce qui augmente le risque de diabète de type 1 ?


Les scientifiques pensent que les antécédents familiaux (c.-à-d. si l’un de vos parents, frères, sœurs est atteint de la maladie) sont le plus grand facteur de risque. D’après l’American Diabetes Association, si les deux parents vivent avec le DT1, le risque pour l’enfant de développer la maladie est compris entre 1 sur 10 et 1 sur 4.

Les scientifiques apprennent de plus en plus de choses sur les autres facteurs de risque du diabète de type 1, tels que l’âge avancé des mères à la naissance de l’enfant (+35 ans), l’obésité infantile, une alimentation plus riche en sucre et des infections virales in utero ou très tôt dans l’enfance. La géographie pourrait également jouer un rôle. Les raisons sont floues, mais des études démontrent que les personnes résidant dans les plus hautes latitudes sont plus susceptibles d’avoir du DT1 ; la Finlande présente ainsi le plus haut taux d’incidence du DT1 au monde.

Bien que le DT1 puisse apparaître à tout âge, il a tendance à survenir à deux périodes bien distinctes dans l’enfance : entre 4 et 7 ans, puis entre 10 et 14 ans.


Quelles sont les causes du diabète de type 2 ?


Contrairement au DT1, les personnes vivant avec un diabète de type 2 (DT2) produisent de l’insuline, mais leur organisme ne sait pas l’utiliser correctement. Les personnes vivant avec un diabète de type 2 ont également tendance à devenir résitantes à l’insuline : en d’autres termes, l’organisme empêche l’insuline d’acheminer le glucose du sang vers les cellules et donc de leur fournir de l’énergie. Le glucose reste alors piégé dans le sang et provoque une hyperglycémie. À cela s’ajoute une capacité de production d’insuline globalement réduite.

Forme la plus courante de diabète, le DT2 représente 95 % des cas totaux. Le DT2 est causé par l’association de facteurs génétiques et environnementaux, comme le surpoids ou l’obésité et la sédentarité. Des études démontrent un lien évident entre DT2 et obésité, car cette dernière peut provoquer une insulinorésistance.


En quoi le poids, l’alimentation et l’activité physique peuvent-ils influencer le risque de diabète de type 2 ?


S’il y a bien une chose que les scientifiques savent sur les facteurs environnementaux pouvant contribuer au développement du DT2, c’est que le surpoids, la malbouffe et la sédentarité sont les principaux responsables. « Une alimentation saine, une perte de poids et une activité physique régulière peuvent améliorer la sensibilité à l’insuline et le contrôle de la glycémie », déclare Barbra Sassower, nutritionniste diplômée et éducatrice certifiée en matière de diabète chez WeightWatchers. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez contrôler ces trois choses. Voyons de plus près le rôle de ces différents facteurs.

Poids

L’obésité, soit un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30, est la voie la plus rapide vers le DT2. En effet, en raison du surpoids, le glucose ne pénètre pas aussi facilement dans les cellules. Cela provoque une insulinorésistance, qui est un facteur de risque prouvé du diabète de type 2.

L’emplacement de ces kilos en trop compte également. L’excès de masse graisseuse, en particulier au niveau de l’abdomen, peut contribuer à l’insulinorésistance. Les graisses dites abdominales ne se voient pas forcément car elles entourent les organes internes et causes une inflammation dans l’ensemble du corps.

Alimentation

Une alimentation riche en sucre et en acides gras saturés peut entraîner un excès de poids, puis plus tard un diabète de type 2. Mais selon Barbra Sassower, ces saboteurs peuvent aussi directement augmenter le risque de DT2 en ayant un impact négatif sur l’insuline. D’après les recommandations de l’American Diabetes Association et du Programme National Nutrition Santé, une alimentation saine comprend :

  • Des fruits et des légumes
  • Des céréales complètes (comme le riz complet et le pain complet)
  • De la volaille sans la peau
  • Du poisson
  • Des légumineuses (comme les lentilles et les pois chiches)
  • Des huiles végétales non tropicales (comme l’huile d’olive mais pas l’huile de coco)
  • Des noix et des graines non salées

Le PNNS propose également quelques directives :

  • Éviter les acides gras trans (appelés acides gras saturés sur certaines étiquettes de produits alimentaires).
  • Réduire les taux de cholestérol et l’apport en sel.
  • Limiter les sucres ajoutés, la viande rouge et les glucides raffinés.

Activité physique

Il a été démontré que bouger moins de trois fois par semaine augmentait le risque de DT2. En effet, d’après les études et les directives du PNNS, au moins 150 minutes d’activité physique par semaine sont nécessaires pour contrôler la glycémie. Mais... cette activité peut être n’importe quel mouvement du moment qu'il vous fait bouger : la marche, les tâches ménagères, jouer avec un enfant, n’importe quoi !

Diabète de type 2 : facteurs de risque
Diabète de type 2 : facteurs de risque


En quoi d’autres pathologies peuvent-elles avoir un effet sur le risque de diabète de type 2 ?


Souffrir d’hypertension et d’hypercholestérolémie (surtout si elle est associée à un taux élevé de triglycérides) augmente vos chances de développer un diabète de type 2. D’après le Dr. Donner, « cette combinaison de pathologies est appelée syndrome métabolique : toutes les composantes du syndrome métabolique augmentent également le risque de cardiopathie et d’AVC ».

Toutefois, une perte de poids modérée, une alimentation plus saine et la pratique plus fréquente d’activité physique peut réduire le risque de développer ces pathologies. (Il suffit de 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée par jour pour réduire de 58 % le risque de développer un diabète de type 2.)

Tension artérielle

Également appelée hypertension, l’élévation de la tension artérielle met non seulement le cœur à rude épreuve, mais a également tendance à accompagner le diabète. Des recherches démontrent que la prévalence de l’hypertension est deux fois plus importante chez les personnes vivant avec un diabète. De plus, les hypertendus sont plus susceptibles d’être résistants à l’insuline et donc de développer un diabète.

Taux de cholestérol

Un faible taux de HDL (parfois appelé bon cholestérol) et/ou un taux élevé de triglycérides peuvent augmenter le risque de diabète de type 2 et de maladie cardiovasculaire en ayant un effet direct sur la glycémie.


Influence des inégalités en matière de santé sur le risque de diabète de type 2


Des études scientifiques réalisées aux Etats-Unis ont conclu que certains groupes ethniques et raciaux, ainsi que les personnes à faible revenu, faisaient face à d’importantes inégalités en matière d’indicateurs sociaux de santé et présentaient plus de risques de développer un DT2. Par exemple, aux États-Unis, les adultes Noirs ont 60 % plus de chances que les adultes caucasiens de recevoir un diagnostic de diabète et ont deux fois plus de chances de mourir des suites de la maladie.


Parlons... diabète et inégalités


Q: Pourquoi les minorités sont-elles plus susceptibles de développer un diabète ?

A: Les facteurs systémiques rendant les minorités plus sujettes au diabète sont nombreux : de la génétique au manque d’accessibilité dans certains quartiers en passant par un accès plus limité à des soins de qualité et un manque d’options alimentaires saines. Ce dernier facteur est parfois appelé « apartheid alimentaire » et il s’agit essentiellement d’un manque de moyens en matière d’alimentation au sein d’une communauté et de la prépondérance de la restauration rapide. D’après le Dr. Donner, tout ceci peut entraîner un surpoids ou une obésité, ainsi que d’autres facteurs de risque du diabète.

Q: Ces facteurs accroissent-ils également le risque de complications du diabète ?

A: Malheureusement, oui. Le DT2 a tendance à se développer de plus en plus tôt dans de nombreuses minorités et il est souvent moins bien contrôlé, ce qui peut entraîner d’autres problèmes. « Les complications telles que l’insuffisance rénale sont plus courantes parmi les patients issus de minorités qui vivent avec un diabète. » Pourquoi ? Car l’accès à des soins de qualité est plus difficile. Le dépistage des complications est plus rarement effectué. En matière de prévention et de diagnostic du diabète, le Rapport national sur les inégalités et la qualité des soins de santé de l’Agency for Healthcare Research and Quality du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis a conclu que les patients caucasiens avaient davantage accès à des soins de qualité par rapport à toutes les autres minorités. Si la situation est un peu différente en France, en 2020, Santé Publique France note que « Les disparités territoriales restent très marquées avec une fréquence du diabète beaucoup plus élevée dans les départements d’Outre-mer et en Seine Saint-Denis. On observe également une fréquence élevée dans les départements du Val d’Oise et du Nord-Est de la métropole. A l’opposé, les départements situés à l’Ouest de la Métropole et notamment en Bretagne enregistrent les fréquences les plus faibles ».

Q: Le lieu de résidence peut-il jouer un rôle sur le risque de diabète ?

A: Notre environnement influence énormément notre santé, et le diabète ne fait pas exception. Si vous vivez dans un lieu dépourvu d’accès à des espaces verts sécurisés ou dans un désert médical (comme cela est parfois le cas aussi bien en ville qu’à la campagne), vous aurez davantage de chances de développer certaines pathologies comme le diabète. De plus, selon le Dr. Donner, le diagnostic de diabète sera souvent posé à un stade plus avancé. En d’autres termes : vous pouvez développer des complications du diabète avant même d’avoir été diagnostiqué.




Le prédiabète est-il causé par les mêmes facteurs que le diabète de type 2 ?


Le prédiabète désigne une glycémie plus élevée que la normale mais pas assez pour être qualifiée de diabète. Une glycémie à jeun comprise entre 100 et 125 mg/dl (milligrammes par décilitre) indique un prédiabète, tandis que toute valeur supérieure ou égale à 126 indique un diabète. À l’instar du diabète de type 2, la cause spécifique du prédiabète n’est pas bien comprise. Mais nous savons que la génétique, le surpoids (en particulier au niveau de l’abdomen) et la sédentarité jouent un rôle. Les facteurs de risque sont les mêmes que pour le DT2 : les antécédents familiaux, l’origine ethnique, l’âge, le surpoids ou l’obésité, la sédentarité et les antécédents d’autres pathologies comme l’hypertension, l’hypercholestérolémie et les maladies cardiovasculaires.

Quelles sont les causes du diabète gestationnel ?


Le diabète gestationnel est un type de diabète propre à la grossesse et qui représente près de 10 % des grossesses chaque année. Les scientifiques soupçonnent que son développement est dû à un mélange de facteurs hormonaux et génétiques.

Le placenta produit des hormones, comme les œstrogènes et le cortisol, qui peuvent entraver l’action de l’insuline (qui est d’acheminer le sucre présent dans le sang vers les cellules) et entraîner une insulinorésistance.

Même si presque toutes les grossesses sont concernées par un certain niveau d’insulinorésistance, le pancréas compense dans la plupart des cas en sécrétant toujours plus d’insuline. Lorsque cela ne suffit pas, la glycémie se met alors à augmenter et le diabète gestationnel s’installe.

« Sans surprise, cela a tendance à se produire lorsque le placenta prend du volume et que sa production hormonale augmente », explique Nicole Lynch, infirmière clinicienne au Centre d’endocrinologie et de diabétologie de l’Université de l’Utah, à Salt Lake City.

La bonne nouvelle, selon elle, c’est qu’une fois le placenta sorti, l’insulinorésistance disparaît ainsi que le diabète.

Toutefois, il convient de noter que le diabète gestationnel augmente le risque de DT2 et près de la moitié des femmes ayant souffert de diabète gestationnel développeront un DT2 à un stade ultérieur de leur vie. (N’oublions pas que le risque de DT2 augmente avec l’âge, que vous ayez eu du diabète gestationnel ou non.)


Qu’est-ce qui augmente le risque de diabète gestationnel ?


Outre les hormones et la génétique, d’autres facteurs peuvent vous exposer à cette pathologie.

  • Antécédents de diabète gestationnel
    Même si le diabète gestationnel disparaît après l’accouchement, les chances de rechute lors de futures grossesses augmentent (significativement). Dans les faits, des études démontrent que vous aurez 50 % plus de chances d’avoir à nouveau du diabète gestationnel.
  • Poids fœtal élevé
    Avoir déjà donné naissance à un bébé pesant plus de 4 kg augmente les chances de développer du diabète gestationnel lors de futures grossesses. Selon le Dr. Lynch, accoucher d’un gros bébé (macrosomie fœtale) est en effet un signe d’insulinorésistance.
  • Surpoids ou obésité
    Être en surpoids ou obèse avant la grossesse peut augmenter le risque de diabète gestationnel. Des études démontrent que l’âge augmente également le risque. Plus vous êtes âgée et plus votre IMC avant grossesse est élevé, plus vous aurez de risques de développer cette pathologie.
  • Âge supérieur à 25 ans
    Avec l’âge, le pancréas se fatigue. Sa capacité à satisfaire vos besoins en insuline pendant la grossesse peut alors diminuer.
  • Antécédents familiaux de diabète de type 2
    Si un parent, un frère ou une sœur vit avec un DT2, vous êtes automatiquement prédisposée au diabète et donc au diabète gestationnel. Ce n’est pas franchement une bonne nouvelle, mais rassurez-vous, cette prédisposition seule est rarement responsable d’un diagnostic de diabète. Le mode de vie a également une influence majeure. (Nous en parlerons un peu plus en détail dans une minute.)
  • Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
    D’après l'INSERM (Institut National pour la Santé et la Recherche Médicale), près d'une femme sur 10 en France est touchées par le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une pathologie où les ovaires produisent une quantité anormale d’androgènes, ce qui peut causer une insulinorésistance. 40 % des femmes souffrant de SOPK sont également résistantes à l’insuline. Cela peut entraîner une hyperglycémie et donc du diabète gestationnel, du prédiabète et un DT2.
  • Statut socioéconomique
    Les individus à faible revenus sont plus susceptibles de vivre dans des quartiers défavorisés. Au sein de ces communautés, certains facteurs sociaux (comme la pauvreté, le manque d’accès aux aliments sains et aux activités physiques sécurisées, la précarité de l’emploi et les opportunités d’éducation limitées) peuvent avoir diverses conséquences négatives sur la santé, comme une augmentation des chances de développer du diabète gestationnel et un DT2.
  • Origine ethnique
    Ceratinses communautés sont plus touchées par le diabète gestationnel (ainsi que par le DT2). Des recherches indiquent que cela est dû à un accès limité aux ressources de santé, au stress ainsi qu’à un statut socioéconomique inférieur qui influencent plus largement les communautés défavorisées.