Pourquoi le changement est-il si difficile
Si vous avez déjà essayé de changer l’une de vos mauvaises habitudes ou d’en adopter une bonne, vous avez probablement découvert personnellement combien le changement est difficile.
« Les habitudes peuvent être bonnes et mauvaises. Mais une fois l’habitude ou la routine ancrée, elle est extrêmement difficile à changer », de dire Dre Linda Hodges, médecin et auteure. « En effet, le cerveau, en tâchant d’être efficace, crée des voies neurales pour aider à rendre le comportement “automatique”. Le cerveau est extrêmement protecteur de ces voies; c’est tout simplement une question d’économie d’énergie. »
Par exemple, poursuit-elle, on n’a pas à penser de mettre son clignotant avant de tourner lorsqu’on conduit, on le fait automatiquement. « Cependant, un jeune conducteur doit beaucoup s’exercer avant que cela devienne automatique. Une fois la voie neurale créée, il serait en fait difficile d’arrêter d’utiliser le clignotant! »
C’est la même situation pour les habitudes que nous prenons qui touchent notre santé, explique-t-elle.
« Pour perdre l’habitude d’arrêter pour acheter de la crème glacée en route vers la maison après le travail, il faut faire un effort conscient, avec lequel notre cerveau n’est pas à l’aise parce que ça exige de l’énergie. Notre cerveau va nous dire : “Hé! J’ai déjà créé cette belle petite routine pour toi, tu n’as même pas à y penser!” »
Il est extrêmement difficile de changer une routine bien ancrée, poursuit Linda, mais on peut y arriver.
« Il suffit d’un effort conscient et d’un engagement jusqu’à ce que le nouveau geste plus sain devienne automatique lui aussi. »
Pour réussir, il faut se fixer de petits objectifs réalisables reliés aux habitudes qu’on veut changer et d’être constant.
Dans Psychology Today, Susan Weinschenk, médecin et psychologue du comportement, affirme que la manière la plus facile de changer une habitude est d’en créer une autre pour la remplacer. Pour y arriver, il faut comprendre qu’une habitude est une combinaison d’un stimulus et d’une réaction à ce stimulus.
Elle donne l’exemple de l’habitude de rentrer chez soi après le travail, d’attraper une boisson gazeuse et de s’asseoir sur le divan pour regarder la télé. Pour changer cette habitude en une action comme prendre une marche, par exemple, il faut cerner le stimulus qui produit la réaction. Le stimulus est de rentrer chez soi après le travail, et il produit comme réaction de prendre une canette de boisson gazeuse et de s’asseoir sur le divan pour regarder la télé. Pour créer une nouvelle réaction, il faut se faciliter les choses.
« La meilleure chose à faire est de placer ses chaussures de marche et peut-être des vêtements de rechange près de la porte par laquelle vous entrez. Pendant quelques jours, délibérément et consciemment, prenez les vêtements et les chaussures et mettez-les dès que vous entrez, et allez prendre une marche », écrit Susan.
Répétons que le secret de la création d’un nouveau rapport stimulus/réaction est de choisir quelque chose de simple et précis, explique-t-elle.
« Veillez à ce que le geste soit petit, facile et lié à quelque chose de physique et, si possible, utilisez un indice visuel ou sonore. Faites cette nouvelle habitude pendant une semaine et voyez ce qui se produit. »
Cette méthode scientifique simple peut vous aider à apporter les changements que vous vouliez à votre style de vie. Bien que les changements soient généralement difficiles pour la plupart des gens, le fait de comprendre pourquoi il est difficile pour nos cerveaux de les apporter est la première chose à faire pour les rendre plus faciles. Il peut également être utile de comprendre l’impact de nos traits de caractère sur notre capacité de changer nos habitudes.
Fran Walfish, psychothérapeute de la famille et des relations de Beverly Hills et auteur de The Self-Aware Parent, affirme que ce qui donne à une personne la capacité de changer ses habitudes ou ses routines et ce qui rend une autre personne incapable de le faire est un peu un mystère. Mais elle a remarqué certains traits de caractère ou comportements chez ceux qui sont capables d’apporter des changements dans leur vie.
- Un égo solide : « La personne ne se sent pas obligée de toujours avoir raison ni d’exiger que les choses se passent selon ses critères. »
- Une capacité à s’auto-examiner et à se responsabiliser : « La personne peut effectuer un auto-examen honnête et douloureux et avouer une erreur et présenter des excuses sincères. »
- Humour : la capacité de rire de soi et des bévues naturelles que tout le monde commet.
- Seuil de douleur : « La douleur est habituellement ce qui amorce le changement. C’est le carburant qui amène une personne à mon cabinet de psychothérapie », révèle Fran.
- Des aptitudes à la communication raisonnablement saines : « La personne est généralement capable d’exprimer verbalement ses sentiments, ses besoins et ses désirs. »
- Détermination et volonté : « La personne n’est habituellement pas passive. C’est le genre de personne qui ne baisse pas facilement les bras et veut atteindre le fil d’arrivée. »