Nourriture et émotions

Comprendre les déclencheurs émotionnels qui nous font manger
Publié 18 juin 2017

Nous sommes tous d'accord pour dire que la nourriture nous fait nous sentir bien (ou mal). Mais lorsqu’on pense à la nourriture et aux émotions, il y a tout de même une limite à ne pas franchir. Nous avons discuté avec deux diététistes agréés afin d’obtenir quelques conseils.

La diététiste Catherine Rose-Loveless à Niagara Falls, définit manger ses émotions par le fait de « manger en réaction à une émotion et non à une faim liée aux besoins physiques ».

« Beaucoup d’entre nous mangent en réaction aux émotions de joie ou de tristesse qui découlent des événements de leur vie », poursuit-elle. « C’est très commun dans de nombreuses sociétés, sinon dans toutes : la nourriture est souvent utilisée comme moyen pour célébrer les anniversaires, rassembler les gens ou se remémorer les défunts », dit-elle.

« Nous avons appris par habitude, que la nourriture nous fait sentir autrement, même si ce n’est que pour un certain temps. Malheureusement, cette habitude peut nous empêcher de découvrir de meilleures façons de gérer nos émotions, que ce soit la tristesse ou la joie. »

«Souvent, la nourriture représente un exutoire», selon Nicole Osinga, diététiste à Oshawa, en Ontario. « Plusieurs personnes ont leur aliment réconfortant classique, ou associent un plat à un souvenir, par exemple, lorsqu’ils allaient étant jeune, manger une tarte aux pommes chez leur grand-mère les dimanches après le repas », explique-t-elle. « C’est cette association entre nourriture et émotion qui peut devenir problématique. Certaines personnes mangent de la crème glacée lorsqu’elles sont démoralisées ou se laissent aller dans le chocolat lorsqu’elles ont passé une mauvaise journée. »

Bien que ce soit différent pour chacun, poursuit-elle, la plupart d’entre nous trouvent du réconfort dans la nourriture lorsqu’ils vivent des émotions négatives comme la solitude, la colère, la fatigue, le stress et même l’ennui.

Toutefois, « ce n’est pas une stratégie d’adaptation efficace, » explique Nicole Osinga, parce qu’il est probable qu’après avoir cédé à la tentation, les émotions négatives soient toujours là.

Le signe d’une faim émotionnelle

«Les déclencheurs émotionnels se classent généralement dans les catégories suivantes : social, émotionnel, situationnel, physiologique et psychologique», affirme Catherine Rose-Loveless.

Nicole Osinga et Catherine Rose-Loveless s’entendent toutes les deux pour dire qu’il n’y a rien de mal à s’offrir des gâteries à l’occasion et à célébrer, par exemple, son nouvel emploi en allant au restaurant, mais il y a moment où associer nourriture et émotion devient problématique.

«Cela devient problématique lorsque la nourriture est utilisée pour combler un vide, gérer une situation stressante ou fuir une émotion», explique Catherine Rose-Loveless.

Nous avons franchi cette limite quand «nous utilisons la nourriture comme exutoire lorsque nous n’avons pas réellement faim, au lieu d’utiliser des stratégies d’adaptation efficaces pour gérer nos émotions,» explique Nicole Osinga.

Un autre drapeau rouge est « lorsqu’une personne continue de manger bien après s’être sentie rassasiée, simplement parce que la nourriture la fait se sentir bien », ajoute Catherine Rose-Loveless.

L’ennui est un déclencheur

L’ennui est un déclencheur courant de la faim émotionnelle et souvent les gens réalisent qu’ils mangent par ennui seulement une fois qu’ils ont commencé à manger ou presque fini de manger, explique Catherine Rose-Loveless. On peut éviter de grignoter par ennui.

Catherine Rose-Loveless recommande d’effectuer un suivi avec vous-même lorsque vous vous dirigez vers le réfrigérateur ou l'armoire. Demandez-vous ce qui suit : Est-ce que j’ai faim? Pourquoi est-ce que vais chercher de la nourriture? Comment est-ce que je me sens présentement?

«Si vous ne ressentez pas physiquement la faim, si vous avez “envie” d’une nourriture en particulier ou si vous vous rendez au réfrigérateur parce que vous n’avez rien à faire, vous ressentez de la faim émotionnelle», confirme Catherine Rose-Loveless.

« Une fois que vous reconnaissez ce comportement, vous pouvez développer des stratégies pour l’éviter, de préférence une activité qui n’inclut pas de la nourriture ou de manger.

Un truc utile est de faire quelque chose qui vous occupe, par exemple, le coloriage, suggère Nicole Osinga.

Les bonnes habitudes alimentaires

Une personne qui ne « mange pas ses émotions », dit Nicole Osinga, est quelqu’un qui mange seulement lorsqu’il a une faim réelle. Et c’est ce que nous devrions tous faire : manger lorsque notre corps nous dit qu’il a faim, et non en réponse à un déclencheur, soit émotionnel, événementiel, environnemental ou personnel, poursuit-elle.

Catherine Rose-Loveless nous donne son opinion : «Nous mangeons tous nos émotions à un moment ou à un autre. Je ne considérerais pas que c’est un problème si la personne est consciente qu’elle mange et qu’elle sait pourquoi elle le fait ». La clé pour adopter de saines habitudes alimentaires est de ne pas utiliser la nourriture comme exutoire ou de faire face à ses difficultés émotionnelles et psychologiques.


Nicole Osinga recommande d’identifier vos déclencheurs en faisant le suivi de tout ce que vous mangez pendant une semaine. Faites une liste de la nourriture et des boissons que vous consommez, et écrivez aussi le type de faim que vous ressentez. Il y a trois types de faim, poursuit Nicole Osinga :

  • La faim de l’estomac (faim réelle)
  • La faim du cœur (faim liée à une émotion)
  • La faim de la bouche (vouloir ressentir le plaisir physique de manger sans ressentir la faim de l’estomac)

Catherine Rose-Loveless seconde cette idée de garder un journal alimentaire et émotionnel. Elle recommande aussi de manger des collations et des repas équilibrés et fréquents, se reposer suffisamment et faire de l’exercice.

Quand faut-il demander de l’aide?

« Un client devrait demander de l’aide lorsque la nourriture devient le principal moyen de gérer ses émotions », poursuit Catherine Rose-Loveless. « Voir un diététiste et ainsi qu’un psychologue peut s’avérer utile. » Un psychologue peut aider quelqu’un à faire face à ses émotions et aux déclencheurs émotionnels qui la poussent à manger, explique-t-elle, tandis qu’un diététiste agréé peut aider une personne à développer une nouvelle relation avec la nourriture dans le but de nourrir le corps.