Manger ses émotions : comment ne pas y succomber

On dit qu’on mange ses émotions quand la nourriture sert à apaiser certains sentiments. Voici comment arrêter de manger vos émotions.
Publié 18 mars 2019

Vous ressentez quelque chose. La nourriture vous permet de mieux vous sentir. Voilà qui, en deux phrases simples, résume ce que signifie le fait de manger ses émotions. Ça s’applique à toutes les émotions, pas seulement aux négatives. Ce qui vous amène à réagir de cette façon peut être aussi distinctif qu’une empreinte digitale : le bon et le mauvais qui se produit au travail, vos relations, votre rôle de parent, une maladie, ou même l’ennui. Voilà pourquoi le fait de manger ses émotions peut être, pour certains, un facteur contribuant au gain de poids et l’un des principaux obstacles à la perte de poids.

 

« Nous savons que les émotions peuvent influencer l’alimentation, et que cela peut nuire aux objectifs de perte de poids à long terme », explique Edie Goldbacher, Ph. D., professeure agrégée en psychologie à La Salle University, qui a noté que la question a reçu de plus en plus d’attention au cours des 10 dernières années. « Le besoin ressenti peut être fort. »

 

Oui, il peut l’être. Après tout, la nourriture répond à un besoin d’amour; la nourriture apaise; la nourriture comble un vide. Mais ce sentiment est bref, et il est possible de reconnaître que la satisfaction qui se fait sentir après avoir mangé est fausse et vient avec un prix à payer. Ou, comme le dit Daniel Friedland, M.D., directeur général de SuperSmartHealth : « C’est agréable de manger ses émotions, mais on sait que ce n’est pas bien ».

 

Pour rompre le cycle, il suffit de comprendre que le problème n’est pas la nourriture, ni même le fait de manger. Le cycle commence bien avant que vous ne vous rendiez dans la cuisine.

 

 

 

Comment la nourriture peut influencer votre humeur

 

Une étude suggère que plus de la moitié des personnes en surpoids ou obèses mangent régulièrement leurs émotions. Bien sûr, notre culture nous offre une abondance d’aliments riches et peu coûteux accessibles en quelques minutes. « Vous pouvez passer devant 30 établissements de restauration rapide en revenant à la maison », affirme Jason Lillis, Ph.D., professeur adjoint au Weight Control and Diabetes Research Center de la Brown Medical School.

 

En même temps, la société fait la promotion de ce que le Dr Lillis appelle le feel goodism, ou la doctrine du « je me sens bien ». C’est l’idée selon laquelle nous ne devrions jamais nous sentir malheureux. « Notre culture a peu de tolérance pour les pensées négatives », explique-t-il. « Mais ce n’est pas la vraie vie. Être vivant, ça veut dire vivre tout un éventail d’émotions.

 

La Dre Goldbacher est d’accord. « Quand on mange ses émotions, on n’est pas poussé par la faim. Et ce n’est même pas l’émotion qui nous amène à manger plus. C’est notre réaction à l’émotion. » La majorité des gens qu’elle a étudiés affirment qu’ils sont plus vulnérables en fin de journée et en soirée. « Votre cerveau est chargé de ce qui s’est passé dans la journée, ou par des choses que vous vivez à la maison, ou que vous vivrez le lendemain. »

 

 

 

Trouver le positif dans le négatif

 

L’objectif des nouvelles approches de traitement consiste à encourager les gens à vivre leurs émotions, même si elles sont inconfortables, afin qu’ils ne soient pas portés à les apaiser avec de la nourriture, affirme Evan Forman, Ph. D., professeur en psychologie à la Drexel University. Il a coécrit en 2016 une étude sur l’obésité qui comparait le traitement fondé sur l’acceptation – qui se concentre sur la tolérance de l’inconfort et sur la prise de décisions éclairées – à des traitements comportementaux classiques, comme le fait de se distraire de la tentation de manger des aliments malsains. Les patients ayant participé au programme fondé sur l’acceptation ont perdu nettement plus de poids.

 

« Vous vous êtes peut-être déjà convaincu par le passé que le seul moyen de vous sentir moins triste était de manger de la crème glacée, et c’est devenu une habitude », explique le Dr Forman, auteur du livre Effective Weight Loss: An Acceptance-Based Behavioral Approach. « Or, la capacité de faire face à la tristesse est une compétence que vous pouvez acquérir. Au lieu de vous dire “Je ne peux pas tolérer de me sentir ainsi”, vous dites “Ça va. La tristesse fait partie de la vie. Je vais l’accepter et apprendre d’elle”. »

 

Le Dr Forman explique que cette technique « peut potentiellement changer votre vie » parce qu’elle vous permet de prendre des décisions qui correspondent à vos objectifs de perte de poids, plutôt que d’essayer de soulager votre inconfort en mangeant.

 

 

 

Passer à un état d’esprit axé sur la croissance

 

Les personnes qui décident de perdre du poids peuvent commencer avec une attitude négative face à la nourriture. Pour réussir leur cheminement, affirme le Dr Friedland, elles doivent passer d’un mode de pensée statique – croire qu’un écart de conduite est un échec, par exemple, et que rien ne changera jamais – à un état d’esprit positif axé sur la croissance. « Explorez de nouvelles façons de faire face à vos émotions, et vous aurez plus de facilité à vous concentrer sur vos objectifs », dit-il.

 

Comment y arriver? Au lieu de laisser les pensées négatives déclencher des comportements automatiques, arrêtez-vous et écoutez vos émotions. « Réfléchissez à comment vous vous sentez et acceptez le fait que ça vous arrive parce qu’une chose à laquelle vous tenez est en jeu », explique le Dr Friedland. « Une personne avec un état d’esprit axé sur la croissance pensera “C’est un cadeau. Ça m’aidera à comprendre ce qui est important pour moi. Il y a certainement d’autres façons de faire face à cette émotion. Je peux apprendre de cette situation. »

 

Ce changement vous permet aussi de vous rappeler quelles sont les valeurs les plus importantes pour vous. « C’est à ce moment que vous devez vous demander “De quoi est-ce que je me soucie vraiment?” », ajoute le Dr Friedman. « Quelle est la meilleure réaction à adopter? »

 

 

 

5 façons pour éviter de manger ses émotions

 

La faim n’est pas la seule raison pour laquelle nous mangeons. Parfois, nous mangeons parce que nous nous ennuyons, parce que nous sommes stressés, par habitude ou simplement parce que nous voulons éviter une tâche difficile. Poursuivez votre lecture pour savoir comment éviter ces situations et trouver une solution qui ne se mange pas.

 

 

 

1. Voyez comment vous vous sentez

Tout d’abord, essayez de voir si votre envie de manger provient d’une faim réelle ou s’il s’agit d’autre chose. Est-ce que votre estomac gargouille? Si ce n’est pas le cas, creusez pour cerner le déclencheur (voir ou sentir de la nourriture peut également provoquer une réaction émotionnelle). « Si vous pouvez la nommer, vous pouvez la maîtriser », affirme Daniel Friedland, M.D., chef de la direction de SuperSmartHealth. « Si vous vous sentez anxieux et tendu, le simple fait de dire à voix haute “anxieux, nerveux“ a un effet puissant. »

 

 

 

2. Exercez-vous à faire de l’espace entre les pensées et les actions

Lorsque vous repoussez le moment où vous passerez devant la table de collations au bureau après une discussion houleuse avec un collègue, vous vous donnez la liberté de faire un choix différent. Mais cela exige de la pratique. La prochaine fois que vous vous sentirez anxieux, Evan Forman, Ph. D., professeur de psychologie à l’Université Drexel, suggère de vous mettre au défi de voir combien de temps vous pouvez accueillir l’émotion. « Voyez si vous pouvez l’accueillir pendant deux minutes », précise-t-il. Essayez de vous dire « Je sais ce que c’est, et je sais comment l’affronter », plutôt que « un gâteau me permettrait de me sentir mieux ».

 

 

 

3. Prenez une longue inspiration, lentement

« La respiration profonde est l’une des stratégies les plus efficaces que vous pouvez adopter pour vous aider à atténuer l’intensité des émotions fortes », explique Abby Braden, Ph. D., professeure adjointe en psychologie à l’Université Bowling Green State. « Lorsque vous êtes anxieux, votre respiration s’accélère. Cependant, respirer dans votre diaphragme peut réduire le niveau de tension et de stress. Cela aide à tempérer cette émotion négative, à vous donner l’occasion de changer votre façon de voir la situation et à surmonter ce moment sans manger. »

 

 

 

4. Méfiez-vous de vos pensées

Lorsque vous vous dites « J’ai vraiment envie d’un mini- gâteau », c’est comme si votre volonté était prise en otage. Pourtant, qu’est-ce qu’une pensée? Une expérience passagère qui n’a pas réellement d’emprise sur vous. « Une fringale, ce n’est qu’un mot ou une activité dans le cerveau », affirme le Dr Forman. « Vous imaginez à quel point quelque chose sera délicieux. De la même façon, si vous décomposez ce que cela signifie d’être triste, fâché ou honteux en plusieurs éléments, vous réaliserez que cela signifie essentiellement se sentir anxieux, avoir les muscles tendus ou la respiration qui s’accélère. »

 

 

 

5. Gardez une certaine distance

Une autre astuce : Ne vous identifiez pas directement à la pensée afin de garder une certaine distance pour prendre une bonne décision. « C’est la différence entre “Je suis fâché“ et “Je remarque que j’ai des pensées de colère“ », ajoute le Dr Friedland. « De cette façon, vous n’êtes pas emporté par ce que vous faites habituellement lorsque vous êtes fâché. Si vous pouvez être conscient de ces sentiments de colère, vous vous placez dans cette zone où vous pouvez le remarquer et faire un choix. »