Est-ce que le FOMO est réel?

Allons au-delà de l’acronyme pour en savoir davantage.
Publié 25 novembre 2018 | Mis à jour 6 octobre 2022

Non, ce n’est pas un terme à la mode qui circule sur les médias sociaux. La peur de manquer quelque chose, le FOMO, acronyme de l’anglais « fear of missing out », est réelle.

« Le syndrome de FOMO existe vraiment. J’en ai souffert toute ma vie », dit Jill Brown, propriétaire de Jill Brown Fitness + Coaching. 

« Dans mon cas, cela a commencé durant l’enfance », explique-t-elle. « Quand je rentrais à la maison après l’école pour faire mes devoirs, je voyais mes amis sortir jouer dehors, un après l’autre. Je devenais anxieuse et j’avais le sentiment de rater les bons moments. Quand je sortais trop tard, j’avais peur de ne pas pouvoir participer aux jeux. Comme dit le dicton, les absents ont toujours tort. Cela vous semble familier? » 

Ce sentiment a persisté jusqu’à l’âge adulte, explique Jill Brown.

« Il m’a poussé à faire les choses rapidement au lieu de prendre plus de temps – comme passer un moment avec ma famille. J’allais aux soirées où je buvais trop, je mangeais trop et je veillais trop tard. Cela m’a amenée à ne pas prendre soin de moi-même. Parfois, cela m’empêchait de faire les choses les plus importantes. »

Melina Palmer, fondatrice de The Brainy Business, affirme que le FOMO est profondément enraciné dans la psychologie des humains et dans la manière dont nous avons évolué au fil du temps.

Melina Palmer observe que beaucoup de gens ne réalisent pas que la majorité de nos décisions sont prises inconsciemment.

Dans le but d’offrir plus de détails sur l’origine du FOMO, Palmer explique quatre concepts psychologiques qui entrent en jeu :

  • Le manque: « Quand l’offre est limitée ou perçue de cette manière, notre cerveau la valorise plus. Donc, cela peut inciter les gens à agir quand l’occasion risque de ne pas se présenter plus tard. »
  • L’aversion de la perte: « Les gens n’aiment pas perdre et l’anticipation de la perte peut être une grande source de motivation, laquelle est rehaussée par les gains perçus. La peur de manquer une occasion et le fait d’éviter cette perte anticipée est un processus automatique du cerveau. On a tendance à avoir cette attitude quand on a peur de manquer certaines choses. » 
  • Le décompte du temps : On prend la décision de commencer la diète « lundi », mais cela ne se produit jamais. Le cerveau ne tient pas compte du temps adéquatement et perçoit le moi futur comme une personne complètement différente. Quand vous vous fixez un objectif comme manger mieux, faire de l’exercice ou économiser de l’argent, le cerveau enregistre cela comme une décision prise par une personne complètement différente. Par contre, si la personne d’aujourd’hui n’est pas comme ce que le cerveau a anticipé, alors il est facile de prendre des décisions qui sont positives aujourd’hui, mais qui seront négatives à long terme, car le cerveau ne perçoit pas les conséquences de manière logique. »
  • Le mimétisme: « Les gens aiment faire partie d’un groupe et les êtres humains se rassemblent comme les moutons, les vaches ou les guppys. »

Jill Brown remarque le syndrome de FOMO dans le monde de la nutrition et du conditionnement physique.

 

« Lorsque nous entendons parler de toutes les célébrités qui entament une nouvelle diète, comme la diète cétogène, tout le monde prend le train en marche. Si vous ne le faites pas, vous avez l’impression d’avoir manqué la solution magique pour perdre du poids », explique-t-elle.

 

« C’est la même chose en ce qui concerne l’entraînement physique. Si vous n’allez pas au studio de cyclisme le plus branché, si vous ne suivez pas les cours de barre, ne participez pas au nouvel entraînement de type militaire ou ne faites pas le style de yoga approprié, vous avez le sentiment que vos amis ou vos collègues font partie d’un groupe auquel vous n’appartenez pas. »

 

Jill Brown ajoute que certains programmes de diète et d’exercice peuvent devenir une sorte de culte ou une mentalité.

 

« Ils peuvent exclure au lieu d’inclure. Alors, dans ce cas, votre FOMO n’est pas imaginaire. Il est réel! »

 

Pourquoi le FOMO est-il une source de motivation si puissante?

« Le FOMO est une source de motivation puissante, car il est ancré dans notre ADN et dans la manière dont nous avons évolué comme espèces », dit Melina Palmer. « C’est pourquoi le changement est difficile. Nous essayons d’utiliser la partie consciente de notre cerveau pour changer un processus qui a lieu dans notre subconscient plus que nous l’imaginons. »

Cela dit, si nous sommes conscients des choses que nous avons peur de manquer, nous pouvons utiliser cela à notre avantage.

« Le [FOMO] peut vous aider à vous concentrer sur ce qui est le plus important dans votre vie [ou] sur les choses que vous aimeriez obtenir », dit Heidi McBain thérapeute matrimonial et familial.

 

Comment le FOMO peut-il avoir une incidence sur notre santé mentale?

Bien qu’il est possible d’utiliser le FOMO comme une source de motivation puissante et positive, Heidi McBain explique qu’il peut « nous conduire à toujours appréhender l’avenir et à ne pas apprécier tous les plaisirs de la vie du moment présent. »

 

Cette peur de manquer, « peut laisser croire aux gens qu’ils sont anormaux s’ils sont entourés de gens qui font des activités qu’ils aimeraient faire, mais qu’ils ne peuvent pas pratiquer parce qu’ils n’ont pas été invités, n’ont pas d’argent [ou] parce qu’ils ont déjà d’autres engagements dans leur vie », dit Heidi McBain.

 

Comment gérer le FOMO et le surmonter?

Pour lutter contre le FOMO, Heidi McBain recommande d’exercer des activités dans votre vie quotidienne qui vous aident à être plus centrés et présents dans le moment, comme la méditation ou la prise de conscience, et à vous concentrer sur les cinq sens, à lire, à tenir un journal et à faire de l’exercice. 

 

Pour combattre le FOMO au moyen du conditionnement physique ou de la nutrition, Jill Brown suggère d’inviter un ami et d’essayer une nouvelle activité qui vous intéresse, tant qu’elle est sécuritaire et ne nuit pas à vos besoins en matière de santé : « Si votre cholestérol LDL est difficile à réguler, alors vous ne devriez pas suivre un régime cétogène à base de viande et de fromage », dit-elle. « Si vous avez subi un remplacement de genou ou souffrez de hernie discale, alors il faudrait éviter l’entraînement intense de style militaire. »

 

Vous saurez si l’activité vous convient après l’avoir essayée, dit Jill Brown. Si l’activité n’est pas adaptée, alors vous n’aurez pas peur de manquer quelque chose et si elle vous convient, alors vous aurez découvert une nouvelle passion.