COVID-19 et le poids corporel : ce que dit la science jusqu’à maintenant

Plus d’un an après le début de la pandémie, qu’ont appris les chercheurs sur le lien entre le coronavirus et la masse corporelle?
Publié 16 avril 2021

Alors que des scientifiques travaillent sans relâche pour recueillir de l’information sur la COVID-19, il n’est pas toujours facile de suivre l’actualité quotidienne, encore moins de savoir ce que ça signifie pour vous. Un jour, vous entendez que le virus est particulièrement dangereux pour les personnes ayant une forte corpulence. Le lendemain, un ami vous dit qu’un certain vaccin est beaucoup plus efficace que les autres et que vous devriez attendre de recevoir la « meilleure » option. WW a discuté avec des chercheurs travaillant en première ligne pour connaître les faits et répondre à vos questions pressantes sur la COVID-19 et le poids corporel.

J’ai entendu dire que les personnes ayant une masse corporelle élevée ont tendance à éprouver des symptômes de COVID-19 plus graves que les personnes de petite taille. Est-ce vrai?

Des études ont montré que le fait d’avoir un poids corporel important augmente effectivement le risque de développer des symptômes graves, d’être hospitalisé et de souffrir de complications causées par le virus. Dans une analyse effectuée sur près de 400 000 personnes, celles qui avaient une forte corpulence courraient 46 % plus de risques d’obtenir un résultat positif au test de dépistage et avaient plus du double de probabilités d’être admises à l’hôpital avec des symptômes graves, selon Barry Popkin, auteur de l’étude, Ph. D., professeur W.R. Kenan émérite en nutrition à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill.

D’après cet ensemble de preuves croissantes, Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont conclu que les personnes ayant un IMC de 30 ou plus courent un plus grand risque de contracter une maladie grave liée à la COVID-19.

La recherche scientifique est moins définie en ce qui concerne les personnes dont l’IMC se situe entre 25 et 30. À ce jour, les CDC ont déterminé que les personnes dont l’IMC se situe dans cette échelle sont plus susceptibles de développer des symptômes de COVID-19 sérieux. Une étude sur la population à grande échelle analysant les données de plus de 330 000 adultes fait état d’une tendance générale marquée par la hausse des hospitalisations causées par la COVID-19 qui est proportionnelle à une augmentation de l’IMC.

Ces études prouvent-elles que le coronavirus est plus dommageable pour les personnes ayant une masse corporelle élevée?

Tout en reconnaissant que l’IMC (abréviation d’indice de masse corporelle) n’offre qu’une estimation du risque pour la santé d’une personne et qu’il ne s’agit pas d’un outil parfait ou complet, les études existantes indiquent que les personnes ayant une forte corpulence sont plus vulnérables au virus, explique M. Popkin. Nous ne comprenons pas encore pleinement les mécanismes à l’origine de cette relation : l’une des théories est que l’excès de tissu adipeux (graisse) pourrait bloquer des composants clés du système immunitaire, ce qui pourrait rendre plus difficile la lutte du corps contre la COVID-19, explique-t-il.

Les personnes dont l’IMC est supérieur à 30 sont également plus susceptibles de souffrir de troubles médicaux sous-jacents, comme le diabète de type 2, associés à une probabilité accrue de souffrir de symptômes graves de la COVID-19. De plus, un poids corporel plus élevé est lié à une capacité pulmonaire réduite, un état particulièrement préoccupant en ce qui a trait à la COVID-19. « Cette maladie s’attaque à vos poumons, vous êtes donc confronté à un souffle court », explique le professeur Popkin.

Que font les médecins en réaction aux symptômes de la COVID-19 qu’éprouvent les personnes de forte corpulence?

La qualité des soins est une préoccupation légitime, affirme M. Popkin, qui explique que les préjugés culturels liés au poids s’entremêlent aux facteurs de risque physiques concernant la COVID-19. La recherche montre que les médecins, les infirmières et les autres fournisseurs de soins de santé peuvent traiter différemment les personnes qui vivent avec un poids corporel élevé en raison de la stigmatisation liée au poids en passant moins de temps à écouter leurs préoccupations ou en supposant à tort que les symptômes sont causés par le poids corporel seulement. Lorsqu’il est question de COVID-19, certains spécialistes s’inquiètent que les professionnels de la santé ne surveillent pas aussi attentivement les symptômes chez les personnes ayant une masse corporelle plus importante, ce qui pourrait augmenter le risque de complications.

En raison d’expériences personnelles de stigmatisation et de discrimination liées au poids, les personnes ayant une forte corpulence peuvent avoir moins confiance envers les professionnels de la santé et peuvent retarder le moment ou éviter de se faire soigner. Par exemple, une personne peut décider de remettre à plus tard sa visite auprès de son médecin pour une toux ou hésiter à se rendre aux urgences pour un essoufflement.

Comment puis-je utiliser toutes ces informations pour mieux préserver ma santé?

D’abord et avant tout, faites-vous vacciner dès que vous faites partie du groupe admissible et que vous en êtes capable, indique Jennifer Lighter, médecin, épidémiologiste au centre médical NYU Langone Health. Une fois que vous êtes complètement vacciné, CDC recommandent de continuer à porter un masque bien ajusté et de rester à une distance de 2 m de toute personne non vaccinée (ou dont le statut vaccinal est inconnu). CDC conseillent également de vous laver souvent les mains et d’éviter les foules et les lieux publics mal ventilés.

Vous n’êtes pas encore pleinement vacciné? En plus de suivre les plus récentes lignes directrices de sécurité des CDC, continuez à porter un masque et à garder une distance par rapport aux autres, même ceux qui sont vaccinés. Les chercheurs ne savent toujours pas si les personnes entièrement vaccinées et asymptomatiques peuvent transmettre le virus à d’autres personnes.

Si vous êtes exposé à quelqu’un qui a la COVID-19 ou si vous développez des symptômes, contactez votre fournisseur de soins de santé sans tarder. Les symptômes à surveiller incluent une fièvre de 38 °C (100,4 °F) ou plus, une douleur ou une pression thoracique persistante, une toux ou de l’essoufflement, des lèvres ou des lits d’ongles gris, bleus ou pâles, une confusion inhabituelle et un mal de gorge, des douleurs musculaires ou une diarrhée ou une combinaison de ces symptômes. Pour réduire le risque qu’un professionnel de la santé ne tienne pas compte de vos symptômes, il peut être utile de demander à passer un test de dépistage de la COVID-19 au début de votre visite, conseille la Dre Lighter. Demandez un deuxième avis si vos préoccupations ne sont pas prises en compte de manière adéquate. Tous les patients méritent que leurs symptômes soient pris au sérieux.

Pour en savoir plus sur les défis posés par la stigmatisation du poids en contexte médical et trouver du soutien pour se frayer un chemin dans les milieux médicaux, consultez le site de la Obesity Action Coalition, un groupe à but non lucratif qui se consacre à aider les gens dans leur cheminement vers une meilleure santé en leur fournissant des renseignements et en défendant leurs intérêts.

Les vaccins contre la COVID-19 sont-ils tous aussi efficaces les uns que les autres pour des personnes de masses corporelles diverses? Dois-je opter pour un vaccin plutôt qu’un autre?

La recherche démontre que les trois vaccins disponibles en date d’avril 2021 ont la même efficacité, peu importe la masse corporelle, déclare Lee Riley, médecin et professeur de maladies infectieuses et de vaccinologie à la School of Public Health de l’Université de Californie à Berkeley.

Cela dit, un vaccin est-il « meilleur » qu’un autre? Voici de quoi il en retourne : indépendamment de la masse corporelle ou de l’IMC, les vaccins administrés en deux doses (ceux fabriqués par Pfizer et Moderna) suscitent une réponse anticorps plus importante que le vaccin Johnson & Johnson à dose unique, déclare le Dr Riley. Des études montrent qu’après deux doses, les vaccins Pfizer et Moderna ont un taux d’efficacité de 94 % à 95 % contre les symptômes de la COVID-19, alors que le taux d’efficacité du vaccin Johnson & Johnson est de 72 %.

Cela dit, les trois vaccins sont efficaces à 100 % pour prévenir les conséquences les plus graves de la COVID-19, c’est-à-dire les hospitalisations et les décès, précise le Dr Riley. Cela signifie que si vous développez des symptômes de la COVID-19 après avoir été vacciné, la vaccination élimine essentiellement le risque de complications potentiellement mortelles.

Notez que de nombreuses personnes éprouvent des effets secondaires comme de la fatigue, des maux de tête ou une faible fièvre après avoir reçu un vaccin contre la COVID-19. Dans la plupart des cas, il s’agit de signes normaux indiquant que l’organisme développe une immunité contre le virus, expliquent les CDC. Les effets secondaires sont généralement légers et ne durent pas plus de quelques jours. Consultez votre médecin si vous êtes préoccupé par les effets secondaires que vous ressentez. Mais soyez rassuré : les vaccins eux-mêmes ne peuvent pas causer la COVID-19.

CDC approuvent les trois vaccins offerts et ne recommandent pas un type ou un fabricant plus qu’un autre. Une chose est sûre : se faire vacciner est une étape importante que vous pouvez prendre pour vous protéger de la COVID-19.

Une fois que j’ai reçu le vaccin, dois-je m’inquiéter de l’affaiblissement de mon immunité?

Les anticorps s’amenuisent au fil du temps. Les chercheurs sont encore en train de déterminer la durée exacte pendant laquelle les vaccins contre la COVID-19 assurent une protection. Selon les vaccinations existantes, l’intervalle semble être d’au moins 10 mois, dit le Dr Riley, en notant que les effets des vaccins « peuvent durer beaucoup plus longtemps ». Dans une certaine mesure, la réponse dépend de l’efficacité des vaccins actuels contre les variantes émergentes du virus, une autre question qui fait encore l’objet d’études.

Si votre vulnérabilité au virus vous préoccupe, vous pouvez également envisager de demander à votre médecin de vérifier votre taux d’anticorps, propose le Dr Riley. En fonction de votre résultat, une autre dose du vaccin peut être justifiée.

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Les membres de l’équipe scientifique de WW ont vérifié l’exactitude de cet article en avril 2021. Les recommandations en santé publique concernant la COVID-19 continuent d’évoluer à mesure que les chercheurs en apprennent davantage sur le virus et les vaccins. Les renseignements contenus dans le présent article peuvent ne pas refléter les plus récentes lignes directrices. Pour des renseignements à jour au sujet de la COVID-19, visitez le site Web des Government du Canada.

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Sharon Liao, rédactrice et éditrice indépendante, se spécialise dans les domaines de la santé, de la nutrition et de la mise en forme. Elle vit à Redondo Beach, en Californie.