Quand sait-on (et sent-on) qu'on est repu ?

Publié le 12 juillet 2016

L'alimentation est nécessaire parce que le corps a besoin d'énergie. Si c'était la seule raison qui nous amenait à manger, il n'y aurait jamais de problème de surpoids. Mais la société actuelle a trouvé des subterfuges pour nous pousser vers la nourriture.

Cela commence déjà en bouche…

L'odeur et le goût de l'aliment donnent déjà une certaine satisfaction, mais c'est en mâchant que la sensation de satiété commence à être perçue et s'intensifie. Il vaut donc mieux préférer les aliments qui nécessitent les dents à ceux que l'on peut avaler sans effort. Le temps qui s'écoule est un critère crucial pour amorcer le processus de satiété.

Suit alors l'estomac…

Il n'y aurait pas non plus de problème si l'estomac pouvait compter les calories et se fermer sitôt qu'il en avait reçu suffisamment. Cependant, il envoie quand même un signal au cerveau : celui de la satiété. Il indique ainsi que son volume est rempli. Voilà pourquoi il faut préférer les aliments ayant suffisamment de volume, comme les fruits et les légumes.

Et tout part vers l'intestin grêle

C'est dans l'intestin, qui veille surtout à la composition et à la qualité des aliments, que les aliments sont subdivisés en fines particules. Il avertit qu'il y a assez de substances alimentaires dans le sang. Les glucides complexes, les matières grasses saines et suffisamment de protéines permettent à l'intestin grêle de rester en bonne santé et de faire efficacement son travail.
Voilà pour la théorie. Mais la pratique est fort différente. Car le corps peut envoyer autant de signaux qu'il veut pour vous avertir qu'il a amplement accumulé de l'énergie, cela ne servira à rien si le cerveau les néglige, en raison de facteurs externes, ceux de votre environnement, qui vous amènent à vous resservir ou à manger trop de pâtisseries. C'est ce qu'on appelle la "faim hédoniste" : manger pour le plaisir. En fait, l'envie de (continuer à) manger est aussi forte, voire supérieure à l'appétit réel. Dans un environnement où la nourriture est omniprésente, le cerveau n'a pas la tâche facile. C'est pourquoi perdre du poids et ne pas en reprendre n'est pas seulement une question de volonté.

Sucre et dopamine

La dopamine est un neurotransmetteur jouant un rôle crucial dans le système de récompense du cerveau. Elle nous aide à nous imaginer la récompense, mais aussi à l'apprécier. La consommation d'aliments a pour effet de libérer de la dopamine dans le cerveau et de nous baigner d'une agréable sensation. Mais manger chaque fois la même chose finit par faire chuter le taux de dopamine. C'est une astuce de la nature pour nous pousser à varier notre alimentation. Et de la sorte, garantir un apport suffisant en vitamines et minéraux différents.
Avec le sucre, c'est toute autre chose. Quelles qu'en soient les quantités consommées, il ne produira jamais assez de dopamine pour neutraliser l'envie d'en consommer davantage. Clairement, déguster un aliment sucré génère une agréable sensation de douceur, qui est perçue comme une récompense. Toute la journée, le cerveau est attiré par des délices sucrées. La dopamine ainsi produite incite constamment à saisir cet aliment sucré, tant qu'il est disponible.
Certains scientifiques vont jusqu'à comparer la dépendance au sucre à celle de l'alcool, voire aux drogues. Le système de récompense du cerveau est activé dès qu'il y a une friandise sucrée à portée de vue. Pour les personnes fragiles aux dépendances, y résister est quasiment impossible. Or dans la société d'aujourd'hui, le cerveau est continuellement sollicité par ce type d'alimentation sucrée : publicités dans les magazines, panneaux d'affichage, spots télévisés, sans parler de l'odeur des pâtisseries fraîches dans les halls de grandes gares ou les rayons de supermarchés remplis d'emballages colorés et attrayants, avec de belles photos d'aliments qui donnent envie.
Pour tous ceux et celles qui y sont sensibles, les récepteurs de dopamine sont saturés et recherchent constamment quelque chose à manger. La consommation de denrées sucrées ou grasses peut atténuer temporairement cette envie, mais elle revient très vite. Une surdose quotidienne de ce type d'aliments fait perdre le contrôle, donne constamment faim et provoque des phénomènes de rejet, par exemple par le bannissement du sucre de l'alimentation quotidienne. La seule chose qui puisse vraiment aider consiste à limiter la quantité de mauvaises graisses ou de glucides rapides. Certes, une consommation ponctuelle de biscuits ou de pâtisseries ne pose aucun problème, mais s'offrir chaque jour sa grosse collation grasse ou sucrée, c'est aller droit dans le mur.

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